Le Fat Bob de Bernard

Mars 2014

2014 démarre à peine. Les températures imposent certaines retenues. Phase d’hibernation pour l’esprit motard. Il se replie sur lui-même et cogite sur les prochaines virées, aux beaux jours à venir. Bref, une période d’accalmie que l’on souhaite tranquille, sans choc ni glissade intempestive. Mais voilà que l’Echo des Culbuteurs me rattrape. Pose tout un tas de questions bien personnelles, me contraint à sortir de l’ombre. Alors, au risque de saouler, je me lance.

bernardTourné la cinquantaine, deux enfants déjà bien grands. Luke, fait ses études à Newcastle, Angleterre, terre natale de sa maman. Sa cadette, Emma, bosse sur Barcelone, année sabbatique, avant de reprendre son parcours universitaire. Pourquoi pas !
Mon épouse, Sophie (elle aussi…), garde ses distances avec les « vroum-vroum » qui me transportent quotidiennement au travail où j’orchestre quelques opérations, dont la logistique, chez un constructeur automobiles aux origines voisines de la maison Harley Davidson.

Sophie, n’apprécie guère l’inconfort réservé à l’espace passager des deux roues et préfère se priver d’éventuelles ballades. C’est donc entouré d’amis, ou même en solitaire, que je prends régulièrement le large au guidon d’une Dyna pour faire monter occasionnellement l’adrénaline, savourer de bien égoïstes sensations, mais avant tout me libérer la tête en glissant sur le bitume.

C’est lors de ces dernières que les transformations probables de la moto prennent généralement naissance. Les arrondis, l’assise, la position, le moteur, le son… Comment pousser plus loin encore le plaisir ? Autant de projets, d’idées que je viens ensuite conter au « magicien Louis ». Délicieux de pouvoir venir ainsi se confier, de glisser juste quelques mots et de comprendre, par le regard, que le message est bien compris. Oui, le regard…

bernard-sporsterDécouvert ce dernier grâce à un pote anglais. Avait fait l’acquisition d’un vieux Sportster bien rouillé outre manche qui nécessitait quelques « tunings » avant de pouvoir circuler en « presque » toute légalité sur nos belles nationales. De passage à Bagneux, il avait découvert la boutique et fut fort impressionné par l’accueil reçu. Las de tristes rencontres dans les grandes structures Harley, je l’accompagnais pour récupérer sa monture. Pendant que Sophie et Jeremy discutaient des plus et des moins d’un possible trafic VO international, j’observais du coin de l’œil les gestes sûrs de Louis et toutes ces petites touches additionnelles qu’il appliquait à la vieille carcasse pour assurer « le meilleur » avant de la remettre à son propriétaire. Il me surprit dans ma rêverie, nos regards se croisèrent. Dès lors, je compris que je ne confierai ma précieuse mécanique à personne d’autre.

Voilà quatre ans que la Fat passe régulièrement entre les mains du monsieur à l’habit gris-noir tout plein de cambouis. A l’importée toute bridée et muselée, notre prestidigitateur a su, au fil des années, donner de l’allure ! Chaque sortie d’atelier, je retrouve un engin plus épuré, mieux adapté aux plaisirs de la route, à ma conduite. Avec le temps, j’ai compris également que la boutique apporte bien plus qu’une simple collection de clés plates et autres outils indispensables au bien être de nos montures, que le réel talent du chef d’orchestre. Y’a les tee-shirts et les bandanas à Sophie, une « garde robe » authentique…, mais surtout les projets d’autres cervelles délirantes qui semblent attendre sagement la bonne pièce ou l’arrivée incertaine de « cash » supplémentaire pour aller de l’avant. On y retrouve aussi quelques habitués bien sympathiques qui apportent couleurs et vie à l’endroit. De fait, chaque visite se transforme en enchantement. On en repart généralement plein de rêves où, lorsqu’on les concrétise, le portefeuille plus léger.

Ce qui est bon aussi, ce sont ces belles occasions où l’odeur des merguez l’emporte sur celle de la mécanique. Les choses sont alors toutes simples mais ô combien savoureuses ! Pas de fioritures inutiles. L’âme règne, vogue. Les verres se remplissent et se vident aussi vite. Des artistes, d’autres doux rêveurs aux machines fantastiques se retrouvent, partagent, se tapent sur l’épaule, savourent ensemble un court moment de passion sans plus d’ornement. Naturel et… juste bon !

Ai été surpris d’être ainsi sollicité pour parler de moi. Pas trop mon style. Mais très vite, me suis dit qu’il serait inconvenable de passer à coté d’une telle opportunité.


bernard-sporster-2Les modifs du Mécano :
Client fidéle depuis 4 ans, le Dyna Fat Bob s’est aujourd’hui bien éloigné de sa forme originelle. Déjà un guidon Straight Bar, puis un Garde Boue style «Street Bob» élargi, un feu Sparto, des échappements et un filtre à air V&H avec leur fameux boitier TFI pour le réglage de l’injection, des tés large d’inclinaison +6° et «cherry on the cake», un très récent passage en carburateur qui fait le bonheur de son propriétaire au quotidien. Elle n’est pas belle la vie ?!